Vedette

nègre, négresse (n.)

Définition

Personne de phénotype noir.
Les nègres des plantations.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
C'est le nègre le plus robuste de la rue Cases. Quand il court, il fait vibrer la terre. C'est aussi le nègre le plus nu. Même son pagne est troué.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 54.
[littérature]
- Tu as fini ? Eh bien! tu vas me rendre un petit service, hein, mon petit nègre ?
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 121.
[littérature]
Et je n'avais jamais rien vu de si simple et de si beau que des grands nègres nus, debout à côté de robustes chevaux, et leurs images se reflétant dans l'eau d'un lac.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 180.
[littérature]
En dépit de tout mon plaisir à mordiller et à sucer des bouts de canne, un champ de cannes représentait toujours à mes yeux un endroit maudit où des bourreaux qu'on ne voyait même pas condamnent des nègres, dès l'âge de huit ans, à sarcler, bêcher, sous des orages qui les flétrissent et des soleils qui dévorent comme feraient des chiens enragés; des nègres en haillons, puant la sueur et le crottin, nourris d'une poignée de farine de manioc et de deux sous de rhum de mélasse, et qui deviennent de pitoyables monstres aux yeux vitreux, aux pieds alourdis d'éléphantiasis, voués à s'abattre un soir dans un sillon et à expirer sur une planche crasseuse, à même le sol d'une cabane vide et infecte.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 212.
[littérature]
Et dans cette rade, où il n'y avait pas un quai, pas une grue, c'étaient ces nègres herculéens, vêtus d'un pagne de sac ou d'une vieille culotte, ruisselants et fumants de sueur, qui, par leur seule ardeur, engendraient ces bruits, effectuaient ce travail, dégageaient ce souffle chaud, déclenchaient cette trépidation titanesque, communiquant à tout le quartier une rumeur mécanique, entretenue par des pulsations de cœurs humains.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 248.
[littérature]
Et cela confirme nettement mon intuition que les habitants du pays se divisent bien en trois catégories : nègres, mulâtres, blancs (sans compter les subdivisions), que les premiers - de beaucoup les plus nombreux - sont dépréciés, tels des fruits sauvages savoureux, mais se passant trop volontiers de soins; les seconds pouvant être considérés comme des espèces obtenues par greffage; et les / autres, bien qu'ignares, ou incultes en majeure partie, constituant l'espèce rare, précieuse.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, pp. 263-264.
[littérature]
Moi, fait Romane, en se frappant la poitrine, je suis une négresse qui a du cœur. Mon papa use une houssine sur moi : pas un cri. Ma m'man a dit que je tiens de ma grand-mère qui était pierre et fer.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 41.
[littérature]
Mam'zelle Mélie, cette vieille négresse en robe noire et aux jarrets secs, dont j'associais dans mon esprit la silhouette et le nom à ceux d'un merle, paraissait être chez M. Justin Roc une domestique comblée d'une estime qui lui conférait même certaine autorité sur Georges.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 153.
[littérature]
Et la volupté fauve de l'amour qui consume un vigoureux muletier avec une ardente négresse dans la profondeur d'un champ de / canne!
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, pp. 212-213.
[littérature]
Je restai comme tous les nègres dans ce pays maudit : les békés gardaient la terre, toute la terre du pays, et nous continuions à travailler pour eux.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 60.
[littérature]
Or, je savais déjà par intuition que le diable, la misère et la mort étaient à peu près le même individu malfaisant, et qui s'acharnait après les nègres surtout. Et je me demandais en vain ce que les nègres avaient pu faire au diable et au béké pour être ainsi opprimés par l'un et l'autre.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 68.
[littérature]

Antomyme(s)

Répartition

  • Haïti
  • Martinique
  • Guadeloupe
  • Guyane

Origine

Innovation sémantique français de référence

Historique

Dépourvu de connotation péjorative dans l'usage des auteurs antillais. Comme l'explique le NPR 2007, «Terme raciste sauf s'il est employé par les Noirs eux-mêmes.» En Louisiane toutefois, le mot est clairement péjoratif (selon Valdman et al. 1998 s.v. nèg2, negrès). Si selon la plupart des auteurs ce type lexical peut s'appliquer à toute personne ayant du sang noir (voire à tout être humain), certains auteurs, comme J. Zobel (v. citations) l'opposent clairement à mulâtre. Correspond au type créole nèg, négrès (sous des graphies variables).

Bilan métalinguistique

«Les régionalismes dans La Rue Cases-Nègres (1950) de Joseph Zobel», dans A. THIBAULT (coord.), Richesses du français et géographie linguistique (vol. 2), Bruxelles : De Boeck / Duculot, 2008, pp. 285-286.

Français de référence

Mot particulier
Emploi particulier par son statut (registre d'emploi, domaine d'emploi, fréquence relative ou connotation).
AN: 5367