Vedette

caribou (n. m.)
[kaʀibu]

Définition

Cervidé de taille moyenne, au pelage brunâtre ou grisâtre marqué de blanc au cou, au ventre et à la croupe, pourvu de longs bois plus ou moins aplatis (chez le mâle et la femelle) et de larges sabots adaptés à la marche en terrain marécageux et sur la neige, commun dans les régions nordiques de l'Amérique et de l'Eurasie (Rangifer tarandus).
Troupeau de caribous. Migrations de caribous. Chasse au caribouChasse au caribou, dessin au crayon-feutre couleur et mine de plomb sur papier, fait par Tiivi Ittuq, artiste inuit de Kangigsualujjuaq, George River, 1975 (Musée de la civilisation, C1980-11590-000). Viande, cuir de caribou. Lanières de peau de caribou. Mocassins en peau de caribou.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

cariboux (au singulier et au pluriel, jusqu'au milieu du XXe s.), caribout (plus rarement, surtout au XVIIIe s.)
Citation(s) Référence(s)
Il [Pierre Du Gua de Monts] avoit envoyé au Roy l'année passée un animal nommé Caribous [sic] qui estoit de haulteur et proportion d'une biche toutefois de corsaige le moins du monde plus gros. Ayant la teste fort petite, et les pieds excessivement larges et gros, pour la proportion de l'animal. Le poil estoit de gris roussastre.
1606, N. Cl. Fabri de Peiresc, doc. reproduit dans La Revue de l'Université Laval, vol. 1, no 4, 1946, p. 288.
[archives et textes anciens]
Le caribou se chasse au fusil, avec des chiens, à l'attrape, au cri et au collet, quelquefois même à la fosse, lorsque le terrain s'y prête. [...] Les Esquimaux et les Naskuapis [sic] excellent à préparer la peau de caribou, dont ils font des vêtements d'une admirable souplesse et imperméables au froid. Le poil du caribou est dur, cassant et peu solide. Il sert à confectionner des coussins et des matelas.
1900, H. de Puyjalon, Histoire naturelle à l'usage des chasseurs canadiens et des éleveurs d'animaux à fourrure, p. 65.
[études scientifiques]
Indiens et blancs décident de s'avancer jusqu'à une petite sapinière, une trentaine de milles plus loin. Après la marche, ils revoient les cariboux cheminer sur la neige, les plus âgés les premiers, paisibles et doux. C'est un gros troupeau de plusieurs centaines de têtes. Les bêtes piochent la plaine de leurs sabots et broutent la mousse enfouie.
1938, L.-P. Desrosiers, Les engagés du Grand Portage, p. 112.
[littérature]
Il [Orok] portait, pendues à sa ceinture, deux belles oies blanches et, sur son dos, le meilleur quartier d'un caribou abattu la veille. [...] Sans demander d'autorisation, il se pencha, fit du feu, enveloppa un bon morceau du caribou en de la mousse et se mit en frais de le faire braiser doucement.
1961, G. Roy, La montagne secrète, p. 105.
[littérature]
En m'avançant vers mes compagnons [montagnais], je vis Sylvestre en train d'assommer son caribou qui bougeait encore. Théophile, debout près de lui, suivait la scène avec une grande attention. Immédiatement, Sylvestre ouvrit la gorge de l'animal, et mes deux Indiens se précipitèrent dans le sang chaud des jugulaires, s'abreuvant à longues lampées pour apaiser leur étrange soif.
1974, P. Provencher, Provencher, le dernier des coureurs de bois, p. 50.
[littérature]

Origine

Emprunt d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) amérindien

Historique

Depuis 1606. Mot d'origine algonquienne. On considère généralement que caribou vient, plus précisément, d'un mot de la langue micmaque signifiant littéralement «pelleteur» ou «gratteur», par référence à l'habitude qu'a cet animal de creuser dans la neige avec ses sabots pour atteindre le lichen dont il se nourrit. Le mot micmac a été relevé sous la forme kA+leboo, à la fin du XIXe s., par S.T. Rand qui établit en outre un rapport avec kâleboode «pelle» (v. Rand, s.v. carribou et shovel, et RandMicmac 43, kâlebo+o+; v. également ChambCar 587-588, GanPlants 208, WrightCar 353-356, et FEW algonquin kalibu 20, 60b); cp. en outre galipu «caribou» et galiputi «pelle», relevés de nos jours chez les Micmacs de Restigouche (v. DeBlois 50). En français, le mot figure dans les dictionnaires depuis Trévoux 1721 pour désigner le renne du Canada (parfois sous la forme cariboux, v. par ex. Laveaux 1828 et Littré; v. aussi Robert 1985 et RobHist qui précisent que l'orthographe avec x a été supprimée par l'Académie en 1878). Depuis Littré, certains dictionnaires relèvent en outre caribou au sens de «mousse» (v. Guérin, Besch 1892, Larousse 1897-1928, Quillet 1937-1948, TLF et RobHist); il s'agit d'une erreur résultant d'une mauvaise interprétation d'un passage donné dans LittréS, s.v. caribou : on ne rencontre qu'une espèce de mousse dite mousse caribou, qui couvre les rochers. Du français canadien, caribou est passé en anglais au XVIIe s. et il ne s'est fixé sous cette orthographe qu'après avoir connu diverses variantes propres à cette langue (caribo, carraboo, carriboo, etc.); il est relevé dans la plupart des dictionnaires nord-américains et britanniques (v. Craigie : «The native North American reindeer»; DictCan, Gage 1984, OAD 1980, Webster 1986; v. également Cobuild 1993 et COD 1990).

Étymon du FEW

kalibu

Français de référence

Remarque(s)
Caribou désigne le même animal que celui que l'on appelle renne en France. Ce mot est également connu au Québec, mais il ne s'emploie en pratique qu'en parlant de la sous-espèce qu'élèvent les Lapons (on le rencontre notamment dans les contes de Noël).
Mot particulier
Emploi particulier par son statut (registre d'emploi, domaine d'emploi, fréquence relative ou connotation).
QU: 737