Vedette

coureur de bois (n. m.)
[kuʀœʀdəbwɑ]

Définition

(Par atténuation, du sens 01.). Hist. Aventurier adapté à la vie en forêt qui, bénéficiant d'un permis des autorités, ou « congé», allait en territoire amérindien pour faire le commerce des pelleteries avec les autochtones, soit pour son propre compte, soit pour le compte d'un marchand ou d'une compagnie avec lesquels il signait un contrat d'engagement. – Mod. Figure héroïque, mythique et folklorique de l'histoire nord-américaine, symbole d'errance, d'indépendance, de liberté, d'esprit d'aventure et de métissage avec les autochtones, souvent considérée comme un des archétypes traditionnels des Canadiens français.
Hist. Grand canot conduit par huit coureurs de bois. Peines portées contre les coureurs de bois sans congé. Flottille des canoteurs ou coureurs de bois. Coureurs des bois ou voyageurs des pays d'en haut. Mod. Les intrépides coureurs de bois. Un hardi coureur des bois. Les descendants des coureurs de bois. Avoir le sang des ancêtres coureurs de bois. Avoir une âme de coureur des bois. Les coureurs des bois et les Métis.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[kuʀœʀdebwɑ]

Variante(s) graphique(s)

1. coureur-de-bois (parfois, de la fin du XIXe s. jusqu'au milieu du XXe. 2. coureur des bois (rare avant le milieu du XIXe s., de plus en plus courante à partir de cette époque, notamment dans la littérature).

Variante(s) morphologique(s)

(au fém., hapax) coureuse des bois

Variante(s) polymorphique(s)

coureur (absol.)
Citation(s) Référence(s)
Il sera tres a propos que nos Canadiens meintienent le poste que le S[ ieu ]r Dulhu a retranché au detroit du Lac Erié. De cette maniere nos coureurs de bois pouroient prendre le chemin pour venir de Michilimaquina par le lac Erié [ ... ].
1686, Brisay de Denonville, ANQQ, Archives des colonies, Correspondance générale (Canada), vol. 8, fo 162.
[archives et textes anciens]
Coureurs de Bois. Sont des François ou des Canadiens ausquels on donne ce nom, parce qu'ils employent tout le tems de leur vie au rude exercice de transporter des Marchandises dans les Lacs de Canada, & dans tous les autres Païs de ce Continent, pour les trafiquer avec les Sauvages. Et comme ils entreprennent des voyages de mille lieuës en Canot, malgré les dangers de l'eau & des Iroquois, on devroit, ce me semble, les appeller plûtôt Coureurs de risques, que Coureurs de Bois.
1703, Nouveaux voyages de Mr. le baron de Lahontan, t. 1, p. 272.
[archives et textes anciens]
L'existence insouciante et vagabonde des marins, si bien décrite par Byron, lui [F.-X. Garneau] fait songer à la vie aventureuse et romanesque des anciens voyageurs canadiens, nos intrépides coureurs de bois. «Quelle source de poésie que les courses et les découvertes de ces braves chasseurs, qui, s'enfonçant dans les solitudes inconnues du Nouveau-Monde, bravaient les tribus barbares qui erraient dans les forêts et les savanes, sur les fleuves et les lacs de ce continent encore sans cités et sans civilisation.»
1866, H. R. Casgrain, F. X. Garneau, p. 29.
[littérature]
Elle [Émilie Bordeleau] a refusé le petit bonheur tranquille et confortable avec l'inspecteur qui va vivre éventuellement dans le bastion anglophone de Westmount, comme Maria Chapdelaine dans le temps avait refusé le prétendant qui faisait fortune aux États-Unis pour vivre sa passion avec François Paradis. Dans les deux cas, les hommes aimés sont des coureurs de bois, des êtres «physiques», tout le contraire du «mièvre» intellectuel ou brasseur d'affaires, l'idée qu'on se fait collectivement d'un vrai homme et d'un vrai Québécois. Il y a là de quoi passionner les analystes de l'âme québécoise pour longtemps...
1991, La Presse, 28 février, p. E1.
[presse, journaux, périodiques]
Bref, à la fameuse question «What does Quebec want ?», la réponse s'impose d'elle-même à chaque fin juin : déménager! Eh oui! C'est ce qui nous rend si distincts, le grand branle-bas annuel du déménagement; comme quoi ce sport national prouve bien que nous avons dans les veines le même sang que nos ancêtres coureurs des bois et explorateurs, atteints de bougeotte chronique.
1993, Le Soleil, 27 juin, p. A8.
[presse, journaux, périodiques]
(Pour le féminin coureuse des bois). Aux partis [sic] de chasse elle est toujours la plus intrépide et la plus adroite. A preuve que les Abénaquis l'ont surnommée la Coureuse des bois.
1854, H.-É. Chevalier, «La batelière du St. Laurent», dans La Patrie, Montréal, 24 oct., p. 33.
[littérature]

Synonyme(s)

Origine

Innovation sémantique français du Québec

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis 1686. En parlant de la figure héroïque et mythique, depuis 1847 (G. Lévesque, «La croix du Grand Calumet», dans L'Écho des campagnes, Berthier, 18 nov., p. [2] : le plus brave des courreurs [sic] de bois).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
QU: 921