Vedette

barbotte (n. f.)
[baʀbɔt]

Définition

(Par métonymie, du sens 01.). Maison de jeu clandestine où se pratiquait ce jeu de dés, général. sous le contrôle de la maffia (surtout à Montréal).
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

barbote (parfois); barboute (rare)
Citation(s) Référence(s)
Qui est-ce qu'il est, ce gars-là ? [ ... ] Je l'aurais-t-i' rencontré à la barbotte ? Ça fait bien deux ans que je suis pas allé... À un enterrement de vie de garçon ? [ ... ].
1938, R. Choquette, La pension Velder, 27 déc., p. 7 (radio).
[radio-télévision]
– Tony : T'en as bien des influences, toi la madame Béliveau ? – Juliette : J'ai un cousin qui est échevin puis un autre qui est dans la police. – Tony : Moi j'en ai un cousin qui a encore bien plus d'influence que ça... – Juliette : Il est dans quoi ? – Tony : Dans une barbotte. [ La porte s'ouvre ]. Tu vois, rien qu'à prononcer le mot, la porte elle s'ouvre toute seule.
1949, L. Pelland, Juliette Béliveau, 6 déc., p. 8b (radio).
[radio-télévision]
La maison du bonhomme est quelque peu isolée, de bonne dimension, sans grande apparence, négligée, plutôt revêche et mal accueillante, le long du boulevard Taschereau, après la sortie du pont. Aucune enseigne, rien pour l'identifier que le numéro civique, un chiffre dans les huit cents. Ni femme, ni cuisine. On y veille souvent, on n'y couche jamais faute de lit. Les pièces sont meublées de chaises, de tables et de crachoirs, à l'exception d'une officine à l'entrée, en face du vestibule [ ... ]. Est-ce la centrale d'une organisation politique ? Une barbote ?
1970, J. Ferron, Le salut de l'Irlande, p. 86-87.
[littérature]
Nos gouvernants d'aujourd'hui à Québec sont les héritiers politiques de ceux qui, avant eux, ont combattu les casinos. Seulement, nos élus sont fauchés. Ils songent à se renflouer en ouvrant une barbotte, pour aider les banlieusards à se départir de leur fric. Mais, héritiers d'une puissante tradition moralisante, ils peuvent difficilement se résoudre à appeler un chat un chat, et un racket un racket. On pourra donc jouer et perdre au casino de Montréal, mais s'y amuser sera plus problématique.
1993, B. Aubin, dans L'Actualité, 1er mars, p. 46.
[presse, journaux, périodiques]
(Pour la variante barboute). Une belle «barboute», où beaucoup de gens vont perdre leur salaire, est celle de la rue St-Urbain, entre Dorchester et Ste-Catherine.
1931, Le Goglu, Montréal, 6 mars, p. 4.
[presse, journaux, périodiques]

Origine

Innovation sémantique français du Québec

Historique

Depuis 1938 (dès 1931 sous la variante barboute).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.

Données encyclopédiques

À la fin des années 1940, l'avocat Pacifique Plante (surnommé Pax), conseiller juridique de la police puis directeur adjoint de l'escouade de la moralité, fit éclater un scandale public à Montréal en dévoilant au grand jour la corruption existant au sein des autorités policières et civiles qui fermaient les yeux sur les activités illicites des établissements de prostitution et de jeux, dont les barbottes. Le Montréal d'alors était qualifié de «ville ouverte», c'est-à-dire que les maisons de jeu et les bordels pullulaient et qu'il était de notoriété publique que les interventions policières contre les tripots étaient simulées et restaient sans conséquence. Secondé par Jean Drapeau, jeune avocat qui deviendra peu de temps après maire de Montréal, Plante appellera au banc des accusés 63 personnes, policiers et membres du Comité exécutif, qui comparaîtront devant le juge François Caron de la Cour supérieure. L'enquête durera trois ans (de 1950 à 1953) et le juge Caron rendra son verdict 17 mois plus tard : des policiers seront blâmés, condamnés à payer des amendes ou destitués, et s'amorcera la disparition progressive des barbottes proprement dites. – P. Plante, Montréal sous le règne de la pègre, 1950; A. Stanké et J.-L. Morgan, Pax, lutte à finir avec la pègre, 1972; «La saga de l'enquête Caron», dans Le Mémorial du Québec, t. 6 , 1979, p. 309-317; P. de Champlain, Le crime organisé à Montréal (1940/1980), 1986, p. 21-116; J.-P. Charbonneau, La filière canadienne, 1975.
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