Vedette

mango (n. m.)
Dans plusieurs sources, le mot apparaît sous la graphie mangot, laquelle est anti-étymologique mais correspond bien au sentiment linguistique des locuteurs, qui ont créé le dérivé mangotier n. m. "manguier" (att. dp. 1699, Boulan > FEW), faisant basculer ce mot dans le paradigme des nombreux lexèmes terminés en [-o] qui connaissent des dérivés en [-ot-] (canot-canotier, pot-potée, sot-sottise, etc.).

Définition

Fruit tropical, charnu et juteux, très parfumé, à la chair orangée.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

mangot
Citation(s) Référence(s)
N'importe, fit Romane : ils n'auront pas goûté à tous ces beaux mangos dont nous allons nous régaler. Et nous ne leur rapporterons rien. Pas un seul; pas même la peau.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 30.
[littérature]
Alors, quand je ne restais pas couché dans la chambre, j'allais flâner par la ville, tout seul, ou en compagnie de camarades que je n'avais pas en haute estime, mais que j'étais fort aise de trouver en pareille occasion; surtout à la saison des mangos, où il fallait se rendre à pied dans des vergers situés à plus de deux kilomètres de la ville.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 246.
[littérature]
Là, on se sentait en sécurité, et selon l'humeur et la saison, on pouvait, se dérobant à toute surveillance, se livrer à la cueillette des mangos qui jaunissaient aux arbres, admirer un vieux crocodile qui pourrissait dans un bassin grillagé, ou bien deux singes enchaînés à des guérites juchées sur des poteaux.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 252.
[littérature]
[...] il est des jours amers à ma lèvre et le mangot qui tombe tombe lugubrement et les fleurs ressemblent à des ensevelies qui répondent de plus en plus faiblement, mais aujourd'hui je suis en paix et le filao me fait des signes et la mer me sourit de toutes ses fossettes et chaque mancenillier se double et se suicide de l'olivier propice.
1970, A. Césaire, Les Armes miraculeuses, p. 122.
[littérature]

Commentaires

Selon Jourdain 1956, 282, mangue désignerait les variétés greffées et mangot les variétés non-greffées, une information que l'on retrouve dans plusieurs ouvrages.

Répartition

  • Haïti
  • Martinique
  • Guadeloupe

Origine

Emprunt d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) anglais

Historique

Premières attestations : «1699. DAMPIER, voy. II, 80 : le mango croit sur un arbre de la grosseur d'un pommier.» (Boulan 1934, 205 > FEW); «Reclus, Sierra Nevada [...] p. 101 : 'des mangos à l'odeur de térébenthine, 1860.'» (Friederici 1947, 385b). Emprunt à l'anglais mango n. m. "manguier; mangue" (> esp. mango, DCECH 3, 810b, MANGO II), lequel est un emprunt au portugais manga (lui-même probablement du tamoul, v. OED2 en ligne et FEW 20, 104ab, MANKAY) qui a aussi donné la forme du français de référence, mangue. Corominas signale en outre qu'une forme oxytone mangó, attestée en espagnol portoricain, représente probablement un emprunt au français d'Haïti ou des Antilles.

Étymon du FEW

mankay

Bilan métalinguistique

«Les régionalismes dans La Rue Cases-Nègres (1950) de Joseph Zobel», dans A. THIBAULT (coord.), Richesses du français et géographie linguistique (vol. 2), Bruxelles : De Boeck / Duculot, 2008, p. 278. - André Thibault, "L'oeuvre d'Aimé Césaire et le 'français régional antillais'", dans Cheymol, M. / Ollé-Laprune, Ph. (dir.), Aimé Césaire à l'oeuvre, Paris, Éditions des Archives Contemporaines, 2010.

Français de référence

Équivalent(s)
mangue

Francophonie

Renvoi(s) aux autres zones francophones
Aussi connu en Afrique noire (Côte-d'Ivoire, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Gabon, Sénégal); v. entre autres DUF 1997.
AN: 5352