Vedette

poutine (n. f.)
[putɪn]

Définition

Région. ou Acadie Mets fait de boulettes de pâte que l'on fait cuire dans un liquide en ébullition (eau, sirop, confitures, ou jus de viande); boulette ainsi cuite.
Ajouter des poutines à un ragoût, à un fricot.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[putˢɪn]
Citation(s) Référence(s)
Chaque chose en son temps, décrétait gravement la bonne Georgina, et un temps pour chaque chose. J'ai désormais la conviction que cette règle a toujours gouverné la table de la brave femme. Aux fêtes, le ragoût de poutines; le poisson des Chenaux en janvier, le sirop d'érable en mars; l'omelette de jambon à Pâques; les fraises en juin; les bleuets en août; les pommes en octobre; le boudin en novembre [ ... ] et le reste de l'année : l'ordinaire, c'est-à-dire, les bines au lard le dimanche matin l'hiver, et la galette de sarrasin le reste de la semaine.
1981, J. Pellerin, Au pays de Pépé Moustache, p. 133.
[littérature]

Synonyme(s)

cipaille; domplaine; pouding ; grands-pères (mot le plus répandu, en parlant du dessert fait de petites boules de pâte ainsi cuites).

Répartition

  • Zones acadiennes

Origine

Maintien d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) français ancien et parlers régionaux de France

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Il doit s'agir d'un héritage des parlers de France. Cp. potin «pâté» dans un parler normand (FEW pottus 9, 265b), ou encore des formes comme l'ancien français pou «bouillie» et de nombreuses autres formes ayant des sens proches de «bouillie» que Wartburg classe sous deux étymons (v. FEW pu+ls 9, 549b-550a, et potus 9, 272a), dont pouture ou poutue «pommes de terre cuites, son et eau grasse mélangés, pour les pourceaux», et poutis «purée épaisse», relevés en bourguignon (sous pu+ls), poutiengo «chose écrasée, en bouillie» en auvergnat (sous potus); en provençal, poutigno ou poutino «bouillie de farine de pois; purée, marmelade» (MistrProv-3, s.v. poutiho), poutitè «ragoût de pommes de terre écrasées» (MistrProv-3; v. aussi FEW potus 9, 272b). Tous ces emplois des parlers de France sont d'ailleurs à rapprocher d'autres emplois semblables relevés dans les parlers franco-américains; cp. notamment, dans la région de Détroit, la forme potine pour désigner de la «pâte que l'on fait bouillir avec le poulet» (AlmDétr 152); également, en louisianais, poutine «sorte de bouillie faite de farine, d'œufs, de lait, etc.» (v. DitchyLouis), ou encore «boulette faite de farine et coton délayé dans un peu d'eau, servant d'appât aux poissons» (ibid.; v. aussi HickmJeff), emplois qui ne sont pas sans rappeler les boulettes de pâte que l'on fait bouillir. Le fait que ces emplois nord-américains sont à l'évidence à mettre en rapport avec ceux qu'on relève en France accrédite l'hypothèse d'une origine française. Un autre rapprochement pourrait être fait avec le mot potine, relevé notamment dans l'Ouest de la France au sens de «marmite de fonte», et dans le Midi, sous la forme poutino, au sens de «grande cloche de fonte pour la cuisine» (v. FEW pottus 9, 265b, et MistrProv-3), d'où un possible emploi métonymique de contenant à contenu. On ne peut cependant écarter totalement l'hypothèse d'une influence de l'anglais pudding qui présente des emplois voisins : «an unsweetened dish of a mixture of flour, fat, etc., either covering or enclosing meat and boiled with it» (Longman 1992), et «a preparation of food [ ... ] in which the ingredients, animal or vegetable, are either mingled in a farinaceous basis (chiefly of flour), or are enclosed in a farinaceous ‘crust' (cf. dumpling), and cooked by boiling or steaming» (OED).

Étymon du FEW

pottus ; puls ; potus

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
QU: 2747